Troubles digestifs : les remèdes naturels qui marchent
De plus en plus de patients demandent des solutions naturelles pour lutter contre les troubles gastro-intestinaux. Gingembre, vinaigre de cidre, huile essentielle de menthe poivrée, aloe vera…voici ce que les médecins américains conseillent à leurs patients.
Des remèdes naturels pour des plaintes courantes
Presque deux tiers des Américains souffrent de symptômes gastro-intestinaux (GI) comme les brûlures d’estomac, les douleurs abdominales, les ballonnements, la diarrhée et la constipation. Et pour près de 40 % d’entre eux, ces symptômes intestinaux inconfortables sont suffisamment graves pour les empêcher de pratiquer des activités courantes telles que faire de l’exercice ou passer du temps en famille.
Les médicaments, qu’ils soient en vente libre ou sur ordonnance, ciblant les troubles gastro-intestinaux sont nombreux. Pourtant, de plus en plus de patients demandent des solutions naturelles, ont indiqué des médecins à Medscape Medical News , et il est probable que vos patients en fassent de même.
Voici quelques exemples de médecins expliquant comment ils ont intégré des remèdes naturels à leur pratique pour des plaintes courantes. Certains remèdes sont soutenus par des recherches publiées, d’autres sont plus anecdotiques mais appuyés par les retours positifs de patients et de professionnels de santé.
Syndrome de l’intestin irritable (SII)
Pour les patients atteints de SII, Dre Priyanka Hennis, médecin généraliste à Phoenix (Arizona, États-Unis), prescrit un régime pauvre en oligosaccharides fermentescibles, disaccharides, monosaccharides et polyols (régime pauvre en FODMAP).
L’Association américaine de gastroentérologie recommande également en premier lieu des modifications du mode de vie et de l’alimentation, y compris le régime pauvre en FODMAP. Le Collège américain de gastroentérologie détaille ce qu’est ce régime, son fonctionnement et donne des exemples d’aliments riches ou pauvres en FODMAP. Par exemple, le blé, les pommes et le lait en sont riches ; les flocons d’avoine, le brocoli et les œufs en sont pauvres. Ce régime aide à réduire les difficultés de digestion des glucides.
Dans une étude comparant un régime pauvre en FODMAP accompagné de conseils alimentaires classiques pour le SII, un régime pauvre en glucides mais riche en protéines et en graisses, et un traitement médical basé sur les symptômes dominants, les chercheurs ont observé une amélioration plus marquée chez les patients des groupes suivant une intervention alimentaire. 76 % des patients du groupe FODMAP ont réduit leur score de gravité des symptômes d’au moins 50 points, contre 71 % dans le groupe pauvre en glucides, et seulement 58 % dans le groupe recevant un traitement médicamenteux. Les chercheurs concluent que les interventions alimentaires devraient être envisagées comme traitement initial pour les patients atteints de SII.
Et si votre patient confond le SII avec une maladie inflammatoire de l’intestin (MII), c’est un mythe courant facile à démystifier, explique le Dr Omar S. Khokhar, gastroentérologue certifié à OSF Healthcare, à Bloomington, Illinois : « Le SII est, par définition, un syndrome, un ensemble de symptômes sans pathologie organique identifiable. La MII est un phénomène complètement différent, avec une inflammation active dans le tube digestif provoquant des symptômes et des changements physiologiques. »
La perturbation du microbiote intestinal, ou dysbiose, jouerait un rôle dans le SII, confirme le Dr Khokhar, ce qui est soutenu par des recherches récentes. L’objectif est de restaurer le microbiote par des changements alimentaires.
Pour les patients atteints de SII à prédominance constipation, la Dre Hennis recommande également la respiration lente et profonde. Dans une étude, les patients ayant pratiqué des exercices de respiration profonde ont vu une amélioration des symptômes : augmentation de l’envie d’aller à la selle, amélioration de la consistance des selles et de la fréquence des selles hebdomadaires.
Constipation
Bien que le psyllium et les pruneaux soient des classiques contre la constipation chronique, le kiwi bénéficie également d’éléments de preuve scientifique. Des chercheurs ont réparti 75 personnes souffrant de constipation chronique en trois groupes : deux kiwis verts, 100 g de pruneaux ou 12 g de psyllium par jour pendant 4 semaines. La fréquence des selles s’est améliorée de façon similaire dans les trois groupes, mais la consistance des selles s’est davantage améliorée avec le kiwi et les pruneaux. Le groupe kiwi a également vu une réduction des ballonnements. De plus, les participants ont préféré le traitement au kiwi.
Erin Toto, professeure adjointe de gastroentérologie à l’Université de Pennsylvanie, suggère un smoothie anti-constipation, une recette du programme de contrôle intestinal de l’Université du Michigan, à base de fruits frais, kéfir et glace.
Les conseils traditionnels sur les fibres restent valables, selon la Dre Cynthia Odogwu, médecin de famille à Bowie, Maryland. Les recommandations nutritionnelles américaines précisent des apports en fibres selon l’âge et le sexe, avec un tableau du contenu en fibres des aliments courants. La Dre Odogwu recommande 25 à 35 g de fibres par jour pour les adultes.
Il est crucial de boire suffisamment d’eau avec les fibres, rappelle le Dr Khokhar. Il conseille 30 g de fibres par jour accompagnés de 64 oz (environ 1,9 litre) d’eau.
Reflux gastro-œsophagien (RGO)
Pour le RGO, la Dre Chrissie Ott, pédiatre intégrative et interniste à Portland (Oregon), recommande l’aloe vera. Une étude chinoise a montré que le sirop d’aloe vera était sûr et efficace, réduisant la fréquence de huit symptômes principaux du RGO : brûlures d’estomac, régurgitations alimentaires, flatulences, éructations, dysphagie, nausées, vomissements et reflux acide.
« Et s’il y a une inflammation intestinale, c’est un moyen rapide d’apaiser », explique la Dre Ott. Le vinaigre de cidre est un autre remède contre le RGO, selon le Dr Khokhar. Il recommande une cuillère à soupe dans un verre de 240 ml d’eau, à boire à tout moment de la journée.
Les ajustements de mode de vie – perte de poids si nécessaire, surélévation de la tête du lit, réduction de la caféine et de l’alcool – peuvent aussi considérablement réduire les symptômes du RGO. Le Dr Khokhar avertit ses patients que beaucoup de troubles digestifs proviennent aussi de l’alimentation et déconseille par exemple de manger un gros plat de pâtes juste avant de se coucher.
Excès de gaz
Les aliments fermentés, comme la choucroute et le vinaigre de cidre, peuvent améliorer significativement le microbiote et aider les patients souffrant de gaz excessifs ou de prolifération bactérienne de l’intestin grêle (SIBO), explique le Dr Ott. Des recherches soutiennent l’impact positif des aliments fermentés sur le microbiote, certains chercheurs suggérant qu’ils devraient être un élément important de l’alimentation humaine.
Elle propose à ses patients un « cocktail » sans alcool : une cuillère à soupe de vinaigre de cidre, de l’eau gazeuse (nature ou aromatisée) et une tranche de citron. Autre idée : ajouter quelques cuillerées de choucroute en accompagnement d’un plat.
Le Dr Khokhar rappelle que « les gaz sont un sous-produit normal et sain de la digestion ». Mais si cela devient gênant, il suggère d’évaluer si le patient consomme beaucoup d’aliments connus pour produire des gaz : haricots, chou, brocoli, yaourt, boissons sucrées, etc.
Nausées et vomissements
Pour ces symptômes, le gingembre est un bon remède, selon le Dr Troy Alexander-El, médecin généraliste à Portland. Certains chercheurs estiment que c’est une option botanique sûre, même si la qualité des preuves disponibles devrait être renforcée.
Alexander-El ajoute du gingembre dans ses plats, utilisant des tranches ou des cubes surgelés, notamment pour des légumes comme le brocoli. « Cela peut aussi aider contre les gaz. »
Diarrhée
L’huile essentielle de menthe poivrée peut aider à soulager la diarrhée et les crampes souvent associées, indique le Dr Khokhar. Il recommande une à deux gélules en vente libre, une à trois fois par jour. Les résultats de la recherche sont partagés : certaines études montrent une amélioration des symptômes du SII, dont la diarrhée, mais pas significativement plus qu’un placebo. Une méta-analyse l’a jugée efficace chez les adultes, mais les auteurs réclament davantage d’études.
Parler de ses intestins ? Pas si simple
Même si les troubles GI sont fréquents, les patients hésitent souvent à en parler à leur médecin. L’Association américaine de gastroentérologie a découvert que les personnes souffrant de problèmes digestifs préféraient discuter de politique ou révéler leur poids que d’aborder ce sujet avec leur médecin. Pour renverser cette tendance, l’association a lancé la campagne “Trust Your Gut” (Faites confiance à votre intestin) pour inciter les gens à s’ouvrir et à demander de l’aide.
Source : Medscape.com