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Les implants mammaires peuvent-ils fausser les examens cardiaques ?

L’interférence des implants mammaires avec les examens cardiaques est un aspect rarement abordé. Pourtant la présence d’implants mammaires, en silicone ou en solution saline, peut significativement altérer la qualité des images obtenues, ce qui peut entraîner un taux plus élevé de faux positifs chez ces patientes.

Pas d’évaluation crédible du risque absolu des prothèses mammaires
Les implants, ou prothèses, mammaires en silicone ont été introduits dans les années 1960 et sont aujourd’hui de plus en plus répandus. Ils constituent de nos jours une référence incontournable en chirurgie plastique, aussi bien dans les interventions esthétiques que reconstructrices. Les problèmes de santé liés aux implants mammaires font l’objet d’un débat animé depuis des années en raison de l’absence de preuves concluantes sur les résultats à long terme. L’une des difficultés majeures réside dans l’absence d’estimations fiables de leur prévalence au sein de la population, faute de registres historiques et de données de vente complètes, ce qui empêche une évaluation crédible du risque absolu. Des études récentes utilisant des radiographies thoraciques de routine ont permis d’estimer la prévalence des implants mammaires à environ 3 % aux Pays-Bas et 4 % en Italie.

La maladie coronarienne chez les femmes n’est pas négligeable
La maladie coronarienne chez la femme présente un pronostic généralement plus défavorable, à court comme à long terme, comparé à celui des hommes. Elle demeure la première cause de mortalité dans le monde. Chez les femmes, les symptômes cliniques sont souvent moins typiques, et les tests d’effort conventionnels s’avèrent moins fiables. Par ailleurs, une proportion plus importante de femmes présentant des signes évocateurs d’ischémie souffre de maladie coronarienne non obstructive (CAD), ce qui implique des besoins spécifiques en termes d’imagerie et de prise en charge.

Les recommandations actuelles pour les examens cardiaques non invasifs chez les femmes présentant une suspicion de CAD reposent principalement sur des données issues d’études menées sur des hommes d’âge moyen. La plupart des connaissances sur l’imagerie cardiaque, tant diagnostique que pronostique, proviennent d’études observationnelles ou de cohortes présentant des biais de sélection. Une meilleure compréhension de l’impact des différences entre les sexes pourrait améliorer significativement la prise de décision clinique.

Imagerie cardiaque et implants mammaires
L’interférence des implants mammaires avec les examens cardiaques est un aspect rarement abordé, bien qu’il prenne de l’importance avec le vieillissement de la population féminine et la prévalence croissante de formes atypiques d’ischémie cardiaque, qui entraînent un recours accru aux examens d’imagerie.

Les méthodes les plus utilisées pour diagnostiquer les maladies coronariennes significatives d’un point de vue hémodynamique sont la scintigraphie myocardique (MPI), la tomographie par émission monophotonique (SPECT) et la tomographie par émission de positons (PET). De plus, l’échocardiographie, notamment d’effort, est largement utilisée pour évaluer les structures et la fonction du cœur ainsi que pour détecter l’ischémie. La présence d’implants mammaires, en silicone ou en solution saline, peut significativement altérer la qualité des images obtenues, en particulier en échocardiographie [10] et en SPECT, ce qui peut entraîner un taux plus élevé de faux positifs chez ces patientes.

Analyse rétrospective chez 1 871 335 femmes
Le taux élevé de faux positifs dans les tests cardiaques a conduit les chercheurs à se demander si les femmes porteuses d’implants mammaires obtenaient plus souvent des résultats positifs aux examens, mais avec un taux inférieur d’interventions coronariennes percutanées (ICP) par rapport à celles sans implants. L’étude a été menée à partir d’une analyse rétrospective des données de la base National Inpatient Sample (NIS).

Dans cette population, 1 871 335 femmes de plus de 18 ans ont subi une coronarographie, dont 865 020 ont bénéficié d’une ICP. Les femmes porteuses d’implants mammaires avec tests cardiaques anormaux étaient en moyenne 10 ans plus jeunes que celles sans implants (55,06 vs 65,06 ans ; p < 0,001). Elles présentaient également un taux plus élevé d’anomalies fonctionnelles cardiaques, même après ajustement pour des facteurs tels que l’âge, l’origine ethnique, le diabète, l’hypertension, l’hyperlipidémie, les infarctus STEMI/NSTEMI, l’insuffisance rénale chronique, le cancer du sein et le tabagisme (OR 1,78 ; IC 95 % : 1,22-2,68 ; p = 0,02). Ces femmes avaient un taux de coronarographies plus élevé (OR 1,3 ; p < 0,001), mais un taux d’ICP plus faible (35,7 % contre 46,2 % ; p < 0,001 ; OR non ajusté 0,65 ; OR ajusté 0,79 ; p = 0,01).

Conclusion
D’après les résultats de cette étude, on peut conclure que les femmes porteuses d’implants mammaires :

présentent un taux plus élevé de résultats anormaux aux tests cardiaques fonctionnels par rapport à celles sans implants ;

subissent plus fréquemment des coronarographies, mais avec un recours plus faible aux interventions coronariennes percutanées (ICP) ;

sont exposées à un risque d’altération de la fiabilité des examens cardiaques non invasifs, notamment dans le diagnostic de l’ischémie ;

doivent être informées clairement des risques d’interférences liés à leurs implants lors des examens cardiaques, qui peuvent entraîner un recours accru à des examens invasifs.

Source : francais.medscape.com

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